Le film d'animation "Flow" a été une véritable révélation, séduisant le public par sa poésie et son originalité. Derrière ce succès, un studio de production passionné : Take Five. Nous avons rencontré une partie de l'équipe de Take Five, Alon Knoll et David Grançon, pour explorer leur univers et leurs défis en tant que producteurs en Belgique.
Question : Comment Take Five s’organise au quotidien ?
David : Chez Take Five, la structure est divisée en deux parties. Take Five s'occupe de la production globale : recherche de projets en coproduction, développement interne avec auteurs et réalisateurs, et recherche de financements. La fabrication des films, quant à elle, est confiée au studio Carbone 14, spécialisé dans l'animation, où les animateurs sont recrutés et la production concrète prend forme.
Question : Pour Take Five, l’animation est arrivée « par hasard ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Alon : C'est lié à notre rencontre avec Sacha Feiner. J'ai une grande admiration pour Sacha Feiner, un talent incroyable. Après notre rencontre, il a exprimé son désir de réaliser un film d'animation avec des poupées. Bien qu'on ait été surpris au début, il nous a convaincus avec ses inspirations et des essais. On s'est lancés dans l'aventure, sans grande expertise en animation, et le film a rencontré un succès incroyable, renforçant la réputation de Take Five dans l'animation.
Question : Ce sont donc les rencontres humaines qui sont à l’origine de vos projets. Comment se passe la recherche de partenaire pour vos productions ?
Alon : Oui, les histoires humaines sont essentielles. Pour les partenaires, on les trouve souvent grâce à des rencontres, des affinités culturelles et une sensibilité commune. Nous avons des partenaires fidèles en France, et récemment, nous avons commencé à travailler avec un nouveau partenaire en Hollande, avec qui nous partageons de grandes valeurs. Ces collaborations se font souvent de manière assez naturelle. Nous ne voulons pas nous limiter à un seul genre ou format. Au cinéma, on peut apprécier aussi bien un Pixar qu'un film de Ken Loach ou de David Lynch. Si une belle histoire nous est proposée, en animation ou en fiction, on fonce !
Question : Votre film Flow est particulièrement audacieux, sans dialogue, avec des animaux… A-t-il été difficile de convaincre les partenaires et les investisseurs au début ?
Alon : Étonnamment, cela n'a pas posé de problème majeur. Nous étions convaincus par le projet dès le début. Le système de Tax Shelter géré par notre société sœur a été un atout majeur, nous offrant indépendance et garantie financière. Nous avons rapidement obtenu le soutien de la RTBF. Quant au succès de Flow, bien que nous y croyions et le trouvions beau et touchant, nous ne l'avions pas anticipé en termes de large distribution en salles. Le succès public nous a agréablement surpris.
Question : Flow est une coproduction avec la Lettonie et la France. Comment s’organise concrètement une coproduction internationale ?
Alon : Dans le cas de Flow, les Français étaient déjà en contact avec les Lettons et connaissaient le réalisateur Gints Zilbalodis, que nous apprécions également pour son précédent film. Les Lettons étaient naturellement impliqués, car Gints est une figure importante pour eux. Les Français sont ensuite venus vers nous en Belgique, et la coproduction s'est mise en place. Au total, quatre studios d'animation on travaillé sur la fabrication du film: un en Lettonie, deux en France et un en Belgique. En Belgique, nous avons réalisé 20% de l'animation et une part importante de la postproduction son, dont le bruitage et le mixage.
Quelles sont les principales difficultés pour un studio d’animation en Belgique ?
Alon : Le développement reste un défi. La coproduction, le Tax Shelter et les aides régionales, ça nous aide beaucoup pour la production. Il est parfois difficile de monter des projets, surtout au démarrage, pour financer l'écriture, les premières recherches graphiques, les étapes où les auteurs sont encore fragiles. C'est un processus complexe, différent pour chaque projet.
Percevez-vous une évolution du marché de l’animation en Belgique ?
Alon : Il semble y avoir une évolution dans le secteur. Il y a de plus en plus de reconnaissance, de studios, de talents et de projets, créant une effervescence. Cependant, la fluctuation du travail reste un défi. Les périodes chargées, où il est difficile de recruter, alternent avec des périodes plus calmes. Les budgets pour l'animation, bien que croissants, restent limités par rapport à ceux de la prise de vues réelles, et bien loin des sommes astronomiques des productions américaines. Les ambitions sont donc limitées par les budgets disponibles.

Est-ce facile de trouver des profils techniques qualifiés en Belgique pour l’animation ?
David : C’est difficile. Recruter les bons talents a été un défi pour Flow. Au début, certains studios belges ont dit qu'ils ne pouvaient pas fournir les talents nécessaires, car ils étaient déjà engagés sur d'autres productions. Cela a conduit à gérer l'animation en interne avec Carbone 14, une décision qui s'est avérée positive. Cependant, il a fallu chercher au-delà des frontières locales en allant recruter des talents français qui sont venus travailler à Bruxelles.
Face à cette difficulté, avez-vous envisagé de collaborer avec des structures comme Amplo pour vous accompagner sur vos prochains projets ?
David : La difficulté réside souvent dans la recherche de profils très spécifiques. Take Five travaille majoritairement avec des freelances, ce qui complique encore la recherche. De plus, chaque projet nécessite des talents adaptés à son style particulier. Par exemple, pour Flow, des animateurs capables de créer des mouvements réalistes pour les animaux quadrupèdes ont été recherchés. Take Five collabore aussi avec Amplo, qui organise des "speed dating" pour l'animation, un moyen efficace de rencontrer de nouveaux talents. Le marché belge de l'animation est en pleine évolution. La dynamique actuelle est prometteuse.
Le succès de "Flow" est une source de fierté pour Take Five et pour l'ensemble du secteur de l'animation belge. Le studio, grâce à sa passion et son audace, contribue à faire briller le cinéma d'animation sur la scène internationale.
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