Lors de la dernière édition du festival En Ville ! à Bruxelles, le public a été conquis par la sensibilité et l’originalité du documentaire Rides du lion et pattes d’oie de Juliette Léonard.

Amplo, partenaire du festival, a eu le plaisir de remettre le prix public à Juliette Léonard. Nous avons souhaité prolonger cette rencontre au travers d’une interview. Elle nous parle de la genèse de son projet, de ses inspirations, des difficultés rencontrées et de la réception de son film.
Est-ce que tu peux nous parler de la genèse de ton projet ?
Juliette : L’idée de ce film est née de mon envie de réaliser un projet de fin d’études. À la base, je voulais faire un documentaire sur les femmes dans leur salle de bain. Je voulais travailler sur le fait que c'est un espace un peu d'entre-deux où l'on se transforme pour l'extérieur, et on se retransforme pour rentrer chez nous. Qu'est-ce que cela raconte de notre société, de notre rapport à notre intimité ? La base, c'était le lieu qui m'intéressait beaucoup.

Comment le projet a-t-il évolue au fil du temps ?
Juliette : Au départ, je voulais réaliser un documentaire sur plusieurs femmes dans leur salle de bain. En travaillant avec la réalisatrice Soong-A Yoon, qui était également ma professeur, elle m’a suggéré de faire un film où je me concentrais plus sur moi. De base, je ne voulais pas faire un film où je suis dedans, je déteste les films où on est dedans avec une voix off. Mais j’ai réalisé que je pouvais aussi explorer ces thématiques à travers mon propre regard. Le film est alors devenu plus personnel, plus intime.
Quelles questions t'es-tu posées ?
Juliette : J'ai passé l'été à écrire sur un carnet dans ma salle de bain, essayant de décortiquer ce que je faisais de manière inconsciente. Honnêtement, j'étais en mode : "Franchement, je n'ai pas de gros complexes." Mais c'est en me questionnant que je me suis dit : "Je suis même pas consciente du fait que je suis totalement matrixée par ma peur de vieillir." Ce n'est pas une peur de vieillir du genre "Au secours!", c'est juste qu'on m'a appris à avoir peur.
Quelles ont été vos inspirations pour ce film ?
Juliette : Les gens m’ont dit que cela faisait penser au travail de Sophie Calle que je ne connaissais pas très bien. Je n’ai pas cherché à faire un film de références. J’ai regardé « Les glaneurs et la glaneuse » d’Agnès Varda. Cela m’a donné la confiance nécessaire pour me lancer et pour explorer des formes narratives différentes.
Quels types de retours as-tu reçu ?
Juliette : Le plus grand retour que j’ai eu, c’était : « Tu devrais mettre des hommes ». Ce qui était un peu fatiguant. C’est comme si juste parler des femmes, ce n’était pas suffisant.


Comment le film a-t-il été reçu par le public ?
Juliette : J’ai eu des retours très précieux. Des femmes de ma génération viennent me voir et me disent : « Est-ce que je peux envoyer ton film à ma mère ? ». Il y a une dame dans un autre festival qui est venue me voir, elle avait 75 ans, et elle m’a dit : « Ca me touche trop que tu parles de ce sujet à ton âge. »
Quels sont tes projets pour l'avenir ?
Juliette : Je travaille actuellement sur un documentaire sur les troubles de l'apprentissage et je développe un projet de film d'animation. J'ai envie d'explorer des univers différents et de continuer à raconter des histoires qui me tiennent à cœur.
Pour conclure, quel conseil donnerais-tu aux personnes qui hésitent à se lancer dans le cinéma ?
Juliette : Je trouve cela compliqué parce que c’est quand même un domaine privilégié. Si je peux donner un conseil un peu terre à terre, c’est de ne pas avoir peur de faire des formations techniques comme le cursus en montage que j’ai suivi. Avoir des compétences techniques est toujours un atout pour sa carrière.

Rides du lion et pattes d’oie est une œuvre touchante et profonde qui invite à la réflexion sur notre rapport au corps et au temps qui passe. Nous vous encourageons vivement à découvrir ce documentaire et à suivre le travail de cette jeune réalisatrice prometteuse.
Amplo est fier de soutenir les artistes comme Juliette, qui, par leur talent et leur engagement, contribuent à faire vivre le secteur créatif et culturel. Amplo s’engage activement auprès des acteur·ices du secteur en offrant un accompagnement personnalisé et des solutions adaptées à leurs besoins. N’hésitez pas à nous contacter pour obtenir plus d’informations sur nos services ou à consulter notre agenda pour nous rencontrer lors de nos prochains événements.