Avec Een mild gebaar, la réalisatrice Ann-Julie Vervaeke a reçu le prix du meilleur court-métrage lors de la dernière édition du Festival du Film d’Ostende. En tant que partenaire du FFO, Amplo a également soutenu ce prix. Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Ann-Julie Vervaeke sur l’importance de son film, la reconnaissance dans le milieu, l’évolution de ses projets cinématographiques et ses aspirations futures.
Een mild gebaar nous plonge dans la vie de trois femmes pendant 24 heures. L’une d’elles, Suri, fait le choix courageux d’une interruption volontaire de grossesse, tandis que les deux autres l’entourent pour la soutenir. Le jury professionnel, composé du réalisateur Maxime Lahousse, de l’actrice Anne-Laure Vandeputte et du directeur de la photographie Maxime Lahousse, a sélectionné ce film parmi douze propositions solides. Ils l’ont qualifié de “film rendant presque palpable un sujet délicat pour le spectateur, avec un thème qui semble nécessaire et urgent à notre époque”.
Ann-Julie Vervaeke explique : “Au moment de l’écriture du film, l’urgence sociale n’était pourtant pas aussi prégnante. Elle s’est accentuée au fil du processus. Mon intention était de réaliser un film explorant les nuances et les zones grises entourant la décision difficile qu’est l’avortement, juste au moment où la législation sur l’avortement explosait aux Etats-Unis, provoquant également une polémique en Belgique.”
“Dans un débat caractérisé par des affirmations tranchées, je souhaitais mettre en lumière une histoire particulière avec Een mild gebaar, car chaque avortement et chaque expérience sont uniques. Lorsqu’on accouche, on peut compter sur une équipe d’accompagnateurs et de sage-femmes. Cet même accueil existe également pour l’accompagnement d’un avortement, et c’est cette dimension humaine que je voulais souligner.”
Tu montres sans détour le sang et la douleur. Pourquoi fais-tu cela et comment abordes-tu cette question ?
Vervaeke: “Les images physiques font intrinsèquement partie de mon langage cinématographique en tant que réalisatrice. Il est étonnant que nous soyons devenus si habitués au sang et à la violence dans les films, tandis que le sang provenant du corps d’une femme reste tabou, bien que dans la plupart des cas, cela soit tout à fait normal et naturel.”
“J’aime me focaliser sur les détails pour rendre les histoires tangibles et tactiles, racontant quelque chose avec le moins de mots possible. Mon intention n’était pas de juger à travers mon film, mais de présenter la situation de manière quasi documentaire. C’est pourquoi j’ai limité l’utilisation de la musique, car elle peut être manipulatrice sur le plan émotionnel, et je souhaite guider le spectateur le moins possible.”
“Sur le plateau, ces scènes sanglantes deviennent surtout une question technique, mais elles aident les acteurs à s’immerger dans leur rôle. J’ai veillé à créer un environnement chaleureux, avec une équipe principalement féminine et une communication ouverte, surtout lors des scènes intimes.”
“ La réalisation de films est un travail de longue haleine. Il y a toujours une équipe impliquée. Recevoir une reconnaissance pour tout ce travail donne vraiment un coup de pouce.”
Qu'est-ce que cela signifie pour toi de remporter la compétition de courts métrages au FFO ?
Vervaeke: “Je ne m’y attendais pas, mais je suis très heureuse. Faire des films et obtenir un financement est un travail de longue haleine, avec de nombreux hauts et bas. On ne le fait pas seule, il y a toujours tout une équipe impliquée. Recevoir une reconnaissance pour tout ce travail donne vraiment un coup de pouce. Surtout parce que ce n’est pas le film le plus évident, avec un sujet qui pose problème pour de nombreux festivals. C’est donc particulièrement spécial d’être célébrée à Ostende par des collègues du secteur.”
“J’ai reçu un prix d’Amplo et nous avons également reçu un budget de Camalot pour louer du matériel audiovisuel pour un prochain projet. Cela représente donc certainement un coup de pouce.”
Copyright: Josefien Tondeleir
En parlant de projets à venir, sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Vervaeke: “J’ai plusieurs projets en cours. Tout d’abord, je souhaite réaliser un autre court-métrage, et j’ai également repris le travail sur mon long-métrage, l’adaptation cinématographique de “De kinderen van Calais” de Lara Taveirne, un projet qui avait été mis de côté pendant un certain temps.”
“Depuis que je suis devenue mère, je puise beaucoup d’inspiration dans des histoires et des perspectives que je trouve sous-représentées. Je ne souhaite pas en dire trop pour le moment, mais la maternité est une source inépuisable d’inspiration, dans de nombreux domaines différents.”
Nous sommes impatients de découvrir la suite !
Avec la compétition de courts-métrages, soutenue par Amplo, Flow, Camalot et Titles - le FFO offre aux cinéastes une plateforme pour présenter leurs productions au grand public.
Amplo récompense le vainqueur d’une somme de 2 500€, Flow propose un package de postproduction, et Camalot Belgium met à disposition un budget de 12 000€ pour la location de matériel audiovisuel.